Québec – Le ministère de la Santé étudie la possibilité d’interdire la vente à l’unité de cigares aromatisés, de plus en plus populaires chez les jeunes. La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, qui prône l’adoption d’un règlement en ce sens, presse le gouvernement Charest d’intervenir pour freiner la croissance de consommation de cigarillos chez les adolescents.
Au ministère de la Santé, le service de lutte contre le tabagisme tente de clarifier la question depuis quelques semaines. Alors que la loi interdit déjà la vente à l’unité de cigarettes, le Ministère veut établir si ces nouveaux produits doivent être considérés comme des cigares ou des cigarettes. Les procédés de fabrication seront donc analysés avant de statuer sur la légalité de la vente à l’unité de ces cigarillos. « À première vue, il pourrait s’agir d’une façon de contourner la loi, alors on prend acte de ça et on va faire évaluer la situation par nos services juridiques », a brièvement commenté le ministre Philippe Couillard, questionné à ce sujet hier à Québec.
Le porte-parole de la coalition, Louis Gauvin, se réjouit de constater que le gouvernement a commencé à s’intéresser à la question, alors que les présentoirs attrayants de cigarillos se multiplient dans les dépanneurs. « Ces petits cigares colorés, aux embouts de plastique, parfumés aux fruits ou à la vanille, sont
destinés à une clientèle de jeunes, qui peut facilement se les procurer pour environ un 1 $ chacun. Ça nous préoccupe énormément »”, a indiqué M. Gauvin. Son organisme craint que la popularité des cigares à saveur de friandise annule les succès enregistrés au cours des dernières années dans la lutte au tabagisme juvénile. Il signale que la quantité de cigares et cigarillos vendus au Québec a augmenté de plus de 300 % entre les années 2000 et 2005. Par ailleurs, la consommation de cigares a augmenté de 30 % chez les jeunes Québécois qui ont fréquenté les écoles secondaires entre 1998 et 2004. « Je vous avoue que l’on attend les prochaines statistiques avec une certaine inquiétude. Pour nous,
c’est un dossier extrêmement important », a ajouté M. Gauvin, selon qui il est impératif que le gouvernement pose un geste pour enrayer le phénomène.
La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac a déposé une plainte formelle contre la vente à l’unité de cigarillos au ministère québécois de la Santé et à Santé Canada, en octobre dernier. Dans sa plainte, l’organisme suggérait aussi l’interdiction même de l’ajout de saveur dans les cigarettes et les petits cigares, ainsi qu’un renforcement des mises en garde sur les emballages de cigares.
SOURCE : La Presse, Nouvelles générales, jeudi, 5 avril 2007, p. A5 (PC)
Nadeau, Rémi
|